lundi 19 mai 2025

Pour la deuxième fois Internet m'a tué

 

La première fois, c’était en 2002,  quand j’ai publié DICOMAZ, un dictionnaire de management de la Santé qui n’a pas connu alors le succès commercial que j’espérais. Pour connaitre la définition d’un terme, il est vrai qu’il est plus rapide de consulter un moteur de recherche dans l’ ordinateur placé sur son bureau devant soi. Comme me l’avait fait remarquer une cliente, il aurait fallu que DICOMAZ reste constamment à portée de main de l’utilisateur. Publié quelques années plus tôt, DICOMAZ serait devenu un ouvrage de référence dans le milieu hospitalier et publié aujourd’hui il ne trouverait pas preneur quand il suffit d’interroger son smartphone oralement pour connaitre la signification d’un terme. Bien entendu la consultation d’un dictionnaire présente l’avantage pour quelqu’un de curieux de découvrir inopinément d’autres termes qu’il ne connaissait pas ou dont il ignorait le sens. Quand j’étais militaire en Algérie, à défaut d’avoir sous la main de bons ouvrages, j’avais entrepris la lecture de mon dictionnaire Larousse et rien qu’ à la lettre A j’avais beaucoup appris de notre langue, dictionnaire que j’offrirai avant de rentrer en France à une jeune fille algérienne qui désirait s’instruire. Je le raconte dans « Djemila, la fiancée de Tlemcen »*.

Cette fois, il s’agit  de mon dernier ouvrage « Une vie au service de l’hospitalisation privée »* dont la diffusion souffre actuellement, comme tous les livres, de la concurrence de l’omniprésence des écrans de téléviseur, de tablette, d’ordinateur et de smartphone. Aujourd’hui les responsables politiques comme Gabriel Attal et des psychologues comme le professeur  Marcel Rufo alertent, à juste titre, sur le danger des écrans pour les enfants qui y passent beaucoup trop de temps, trois à cinq heures par jour, mais leurs parents aussi y passent trop de temps,  au détriment notamment de la lecture qui leur demande, bien sûr, un peu d’effort et quelques euros. Ils ont tellement pris l’habitude de recevoir gratuitement des informations payées par la Publicité qui les inonde de messages ou par le Budget de l’Etat pour les chaines et les stations publiques.

Dans mon Blog du 29 août 2020 « Je suis devenu accro aux infos, est-ce grave docteur ? »** je traitais ce sujet et je concluais :“Nous risquons de voir bientôt des internautes et/ou téléspectateurs  se trouvant dans un état avancé de dépendance recourir aux soins d’un psychiatre ou dans les cas les plus graves se faire hospitaliser

Dans mon Blog du 12 septembre 2024 «  La grande bataille de l’information »  Je conseillais, pour la gagner, de nous libérer de notre infobésité que j’avais exposée dans celui du  26 août 2024 « Chronique de l’été, suite et fin »,conséquence  du syndrome du FOMO ( fear of missing out), la peur de manquer une nouvelle importante et du syndrome du Doomscrolling, la consultation impulsive des contenus multimédias.

Pour en revenir à mon livre « Une vie au service de l’hospitalisation privée », quelle ne fut pas ma surprise de constater que  plusieurs personnes de mes relations, parfois d’anciens clients qui m’avaient écrit qu’ils seraient heureux de le lire quand il sortirait ne l’ont pas acheté, bien que je me sois permis de les relancer. Aujourd’hui, même les étudiants de Science Po Paris rechignent à lire un ouvrage en entier comme l’a révélé un de leurs éminents professeurs, Dominique Reynier  dans un récent débat télévisé.

Le problème, pourra penser le lecteur, est tout simplement le manque d’intérêt de l’ouvrage, mais les retours   que j’ai jusqu’à maintenant de ceux qui l’ont lu sont positifs. Ils me disent qu’ils l’ont apprécié, voire se sont “régalés“.   

*Aux éditions IFRHOS

** Chroniques d’une décennie 2014-2024 pages 170 à 17

mardi 6 mai 2025

Mon premier voyage à l'étranger. Il dottore Mazenod

 “ Dottore, prego, s’accomode ! “  Chaque matin en arrivant dans les bureaux de l’Allianza Assicurazione, je suis accueilli par l’huissier de service qui m’ouvre la porte de l’ascenseur. Quand on me présente à quelqu’un, on ajoute à Dottore “laureando “ du gérondif de « laureare » qui signifie diplômer. En effet, je suis en train de préparer mon diplôme pour obtenir l’équivalent de celui de « dottore in  Economia e Commercio » italien. Contrairement à nous autres français, nos amis transalpins mettent parfois devant le nom d’une personne ses qualités professionnelles. Si j’avais fait une école d’ingénieurs, ils m’auraient appelé Ingegnere Mazenod et des études de comptabilité, Ragionere Mazenod. Cela étant dit, être appelé à 21 ans, docteur, est fort agréable et je ne voie pas qui n’y serait pas sensible. J’ajoute que ce fut une surprise qui venait s’ajouter à une autre, voire la parfaire:  Quand je suis arrivé à Milan et durant tout mon séjour, on ne m’a pas demandé une seule fois d’où je venais, ce que faisait mon père, qui je fréquentais.

L’ascenseur me conduit directement au dernier étage où se trouve le bureau du Président qui me reçoit avec un plaisir non dissimulé et avec qui j’échange sur de nombreux sujets, notamment sur l’économie et sur l’histoire de France ; il est un grand admirateur de Napoléon Bonaparte. Je ne cesse d’être surpris, cette fois  par la modernité de Milan, plus américaine que des villes françaises, et la qualité des gens qui y travaillent et que je côtoie. Je suis arrivé en Italie, comme beaucoup de français avec un préjugé défavorable, sur ses habitants. Ayant connu des immigrés et enfants d’immigrés chez nous, plâtriers peintres ou maçons, je ne m’imaginais pas un instant que ceux restés au pays fussent différents, surtout ceux habitant le Nord du pays.

Démarchage original des clients

Tous les après-midis de la semaine, j’accompagnais un agent de la Compagnie d’Assurances de l’agence de Milan démarcher de nouveaux clients. Nous étions reçus généralement par l’épouse, le mari étant à son travail.  Pendant que l’agent remplissait soigneusement  son questionnaire, je bavardais avec notre hôte en lui parlant de mon pays et des français réputés pour leur liberté de mœurs. L’une d’elle m’avait même posé la question suivante :“ Est-il vrai qu’on fait l’amour dans les rues à Paris ?“

Assez souvent notre hôte signait le contrat, mais quand le mari, un jour qu’il était à la maison, découvrait son existence, il était parfois résilié. Ainsi la Compagnie avait une forte production de nouveaux contrats comparée à une Compagnie française, mais aussi une forte proportion de résiliations. Cela étant dit, le métier d’agent d’assurance transalpin était plus agréable à exercer que celui de son confrère français qui devait sacrifier ses soirées pour aller démarcher les nouveaux clients, ce qu’il m’est arrivé de faire en compagnie d’un agent de la Populaire.    

Une proposition inattendue et alléchante

Un soir, je suis invité par un dirigeant de la Compagnie et son épouse à une soirée dansante au Club  de L’Idroscalo de Milan . L’Idroscalo est un plan d'eau artificiel d’où Mussolini faisait partir ses hydravions pendant la guerre. Je suis présenté à un de leurs amis, un courtier en assurances qui gère le plus important cabinet de la ville. Il est séparé de son épouse – le divorce n’est pas alors autorisé  en Italie – il n’a pas d’enfants et il cherche  un successeur. Le dirigeant de la Compagnie lui ayant dit que j’étais « in gamba », capable en français,  il me propose donc de le devenir aussitôt, mon diplôme en poche. C’est pour moi une offre difficile à refuser, cependant, il y a un obstacle majeur. Je dois faire mon service militaire qui à l’époque dure 28 mois, mais il balaie d’une main l’argument en me disant : “vous n’avez qu’à vous faire réformer, je paierais ce qu’il faut “.  En Italie, il existait alors un réseau organisé de médecins et cela coûtait 700 000 lires aux candidats. Même si un tel réseau avait existé chez nous, je n’aurais pas accepté d’être dispensé de  mes obligations militaires, surtout que la guerre d’Algérie, qu’on appelait pudiquement maintien de l’ordre, n’était pas terminée. Sinon, je n’aurais pas osé affronter mon père de peur de perdre son respect, lui qui m’avait un jour rapporté que les hommes réformés étaient appelés autrefois des « couilles en bois ». Lui qui avait été très heureux de me faire intégrer l’armée du Génie, à laquelle il avait appartenu durant son service militaire, grâce à son adhésion à l’Amicale des Anciens. Je suis donc parti en Algérie après mes classes plutôt que de m’installer à Milan et je ne regrette pas du tout mon séjour en Afrique du Nord dont j’ai tiré à mon retour un roman « Djemila, la fiancée de Tlemcen ».*que de nombreux lecteurs, la plupart anciens d’Algérie, ont su apprécier.

A suivre dans un prochain Blog La casa dello studente et la dolce vita.

·       Aux éditions Ifrhos : www.editionsifrhos.com