vendredi 25 octobre 2024

Trop de français sont les grillons de la fable

 

" Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis pas fâché ;

Il en coûte trop cher pour briller dans le monde,

Combien je vais aimer ma retraite profonde !

Pour vivre heureux, vivons cachés !"

Jean-Pierre Claris De Florian  s’en servit comme chute de sa fable  du grillon : « un grillon qui  enviait le papillon voletant dehors en plein air,  tout à son aise,  et heureux finalement d’être terré dans son trou pour ne pas avoir à subir son sort, victime des chasseurs de papillon ».

Cette fable pourrait être adaptée à notre époque. Le grillon jaloux du papillon qui se réjouit de sa perte serait le français enfermé dans son univers et dans ses habitudes, qui ne veut pas sortir de chez lui, surtout ne pas prendre de risques, qui jalouse ses voisins et se réjouit intérieurement, et parfois même de vive voix, de leurs échecs .

Un exemple parmi d’autres nous a été donné récemment à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. Que de critiques injustifiées ont été déversées sur leurs organisateurs et sur le principal maître d’œuvre qu’était le Président de la République. J’écarte la posture des responsables politiques de tous bords relayés par des journalistes militants dont j’ai parlé dans un Blog précédent. Ah, si la Seine avait été polluée et rendu malades les athlètes qui s’y produisaient ! Ah s’il y avait eu un attentat perpétré lors de l’ouverture des Jeux ou de leur clôture ! Ah si Paris avait été paralysé par les embouteillages ou, au contraire, déserté par les touristes ! Les auteurs de ces critiques auraient jubilé en s’écriant : « on vous l’avait bien dit ! »

La réussite économique de certains chefs d’entreprise, il est vrai parfois un peu trop voyante, est insupportable aux yeux de certains de nos compatriotes qui ignorent ou ne veulent pas savoir qu’ils ont pris des risques dans leur vie, contrairement à eux.

Ces grillons auraient pu, par exemple changer de métier, si le leur ne leur donnait pas satisfaction, quitte à déménager. Ils auraient pu poursuivre leurs études quand ils en avaient les moyens, j’ai connu des camarades qui, le baccalauréat en poche, avaient préféré devenir instituteur plutôt que d’aller à l’Université.  Il ne leur était pas interdit de créer leur propre entreprise, plus ou moins micro, selon son objet et selon leurs moyens.   

Pour être heureux, il faut au contraire s’ouvrir au monde, s’ouvrir aux autres, s’enrichir à leurs contacts, ne pas vivre caché. Certes on peut envier parfois ses voisins apparemment plus chanceux, mais ne pas les jalouser. Et surtout se dire qu’au crépuscule de sa vie, éviter à tout prix de se reprocher chaque jour qui nous reste d’être resté terré comme le grillon et ne pas s’être envolé parfois comme le papillon en réalisant ses projets qui nous tenaient à cœur.  Les soignants et les proches qui accompagnent les personnes en fin de vie  les entendent continuellement exprimer leurs des regrets et dire :  "J’aurais aimé faire ça, pourquoi n’ai-je pas osé entreprendre ça".

 

mardi 22 octobre 2024

Chroniques d'une décennie 2014-2024

 

J’ai le plaisir d’annoncer à mes lecteurs la parution des Chroniques d’une décennie 2014-2024.

Dans cet ouvrage de 513 pages, j’ai voulu réunir en un seul volume les 155 articles de mon Blog que j’ai tenu pendant 10 ans en les regroupant en 28 thèmes qui forment autant de chapitres aussi divers que :

Les mœurs d’hier et d’aujourd’hui, Notre relation aux autres, aux étrangers, à la politique, au travail et à la santé et les combats de l’Honnête Homme du 21ème siècle et dans lesquels je livre mes analyses, mes conseils, mes coups de cœur, mes coups de griffe. 

Ou encore mes souvenirs d’étudiant, de prof et de militaire pendant la guerre d’Algérie ainsi que les relations de certains de mes voyages.

En fin d’ouvrage, j’ai répertorié les 198 écrivains, philosophes, scientifiques, responsables politiques que j’ai cités, avec parfois le titre de leur œuvre à laquelle je me suis référé. Si un lecteur désire savoir ce que pensait Albert Camus, par exemple, sur  le relativisme moral ou sur le mensonge ou Chateaubriand sur la richesse ou le mépris ou encore Montaigne sur l’ingratitude, il pourra très aisément le découvrir.

Son prix est de 25 € et il est édité par les éditions Ifrhos. Pour savoir où et comment vous le procurer, vous pouvez écrire à l’adresse  suivante : leseditionsifrhos@orange.fr    

 

 

 

 

vendredi 11 octobre 2024

Mon voyage dans les Caraïbes

 

Le Professeur Alain Sisteron, chirurgien cardio-vasculaire à l’Infirmerie Protestante de Lyon où je suis intervenu durant de nombreuses années  souhaitait construire une clinique sur l’Ile Saint-Martin, lui permettant de défiscaliser en partie ses revenus qui étaient élevés. Comme tous ceux qui gagnent beaucoup d’argent, il avait la phobie de l’impôt. Il me charge alors d’étudier sur place la possibilité de réaliser une clinique privée française dans les Caraïbes.

Après avoir fait un détour par la Martinique pour rencontrer le fils  du docteur Roques, patron de la clinique Saint-Jean à Agen, lui-même chirurgien vasculaire au Centre Hospitalier de Fort de France et son épouse venue faire stage à l’IFRHOS  durant une dizaine de jours, je rencontre les médecins de l'Ile Saint-Martin et un certain nombre de responsables économiques. J'interviewe par téléphone ceux de l'Ile Sainte Barthélemy en raison du mauvais temps qui m'empêche de m'y rendre (Je l'ai regretté car je devais faire la traversée en trimaran). Je rencontre les autorités administratives de la Guadeloupe, à Basse-Terre dont dépendait 1'Ile Saint-Martin, alors que l'activité de la ville est paralysée par une grève générale et je découvre avec surprise et tristesse l'animosité de ses habitants à l'encontre des français de métropole. Je prospecte même des terrains sur lesquels la clinique pourrait être construite. Cette animosité, je l’ai moins ressentie à Saint-Martin, mais il m’est arrivé de rencontrer des passants dans la rue qui ne me répondaient que si je leur parlais en anglais.

La directrice d’une agence immobilière auprès de qui je me suis renseigné sur les terrains disponibles me dit qu’elle me fera cadeau de sa commission, tant elle tient à ce que je construise cette clinique, elle m'avoue qu'elle a toujours, comme beaucoup d’habitants de l’île, des billets de banque placés dans un sac à provisions, pour prendre le premier avion, si elle est  malade, pour se faire soigner, soit à Fort de France, soit à Miami en Floride. Le projet de construction d'une clinique est donc hautement souhaitable d'autant plus qu'il y a un challenge enthousiasmant à relever. Nous pourrions recevoir dans cette clinique des malades américains car les coûts d'hospitalisation aux Etats-Unis sont nettement plus élevés que les nôtres et la Floride n'est qu'à une heure d’ avion de l'Ile de Saint-Martin. D'ailleurs, depuis cette époque, c'est Cuba qui a su accueillir des malades étrangers. Mais il y avait hélas un problème majeur que j'ignorais. Mon chirurgien était persuadé que les investissements dans les cliniques étaient déductibles fiscalement des revenus et qu'ils ne coûteraient donc rien ou presque. Hélas, si la construction d'un hôtel bénéficiait effectivement d'importants avantages fiscaux dont certains investisseurs avaient d'ailleurs abusé (je m'étais rendu dans un magnifique hôtel édifié sur l'anse Marcel, pratiquement vide de clients, financé par une Mutuelle française dont les dirigeants devaient quelques années plus tard défrayeront la chronique), ce n'était pas le cas d'une clinique. Mon client n'était plus intéressé par le projet et il avait ainsi dépensé inutilement l'argent, mes honoraires et mes frais de voyage qui, heureusement pour lui ... étaient déductibles de ses revenus. Je lui avais proposé de rechercher des investisseurs pour l'aider à réaliser cette clinique séduisante à bien des égards mais, il avait décliné mon offre. Seule l'intéressait la perspective de payer moins d'impôts. Son attitude m'avait déçu, venant de la part d'une personne pour laquelle j'avais beaucoup d'estime et de considération. Elle me rappelait celle d'un restaurateur que j'avais rencontré à sa demande quand j'étais un jeune banquier. Il envisageait de créer des chambres d'hôtel au-dessus de son établissement. Je ne m'étais pas seulement contenté de faire une étude financière mais j'avais également examiné avec soin les besoins auxquels il entendait répondre, lui-même ne m'ayant fourni aucune donnée chiffrée. Je lui avais, en quelque sorte bâti, comme on dit aujourd'hui, un business plan sur lequel j'étais prêt, à lui prêter l'argent nécessaire à la réalisation de son projet. Mais quelle n’avait pas été ma surprise quand il m’avait annoncé qu'il était d'accord pour investir et emprunter à la condition qu'il ne paie pas plus d'impôts.

Cependant à l’heure où j’écris ces lignes je me demande si le professeur Sisteron qui décèdera prématurément n’avait pas voulu accéder à ma demande de poursuivre le projet parce qu’il avait appris qu’il était gravement malade et que ses jours étaient comptés.

Quand je suis arrivé sur l’Ile Saint Martin, un laboratoire d’analyses médicales venait juste de s’installer et l’unique cabinet de radiologie ne fonctionnait seulement que depuis quelques années. Le meilleur médecin en exercice était le plus âgé. Cet autochtone avait appris à effectuer un examen clinique sans le secours de l’imagerie médicale et des analyses biologiques comme ses jeunes confrères venus de Métropole, pour certains, faire fortune. Un d’entre eux avait paraît-il découvert un remède miracle contre le sida et m’avait demandé un rendez-vous à mon hôtel pour m’en parler en espérant que je l’aide à le développer.

Le dimanche, mon épouse et moi avons fait un peu de tourisme en louant une voiture japonaise à boîte automatique, c’était la première fois que j’en conduisais une. Nous avons bien entendu fait le tour de l’île et nous nous sommes arrêtés à l’anse Marcel dont j’ai parlé et profité de sa plage de sable fin telle qu’on la voit dans les décors idylliques des prospectus publicitaires. Puis nous avons quitté le Marigot, pour nous rendre dans la partie hollandaise de l’île. Nous avons visité le Casino où dans la salle des bandits manchots jouaient des femmes dont l’une avait  son sac à provision où elle avait mis ses jetons, posé à côté de l’ appareil, puis nous avons assisté à  la messe où nous l’avons retrouvée toujours avec son sac à provisions. A un moment de la cérémonie, les chœurs se sont élevés dans l’église et tous les participants, en grande majorité noirs, se sont donné la main et nos voisins ont pris naturellement la nôtre. Moment émouvant qui reste un très beau souvenir de mon voyage aux Caraïbes.