Il aura fallu
attendre l’assassinat de 17 personnes et
l’ émotion collective qui s’en est suivie pour que l’autorité fasse enfin l' objet d'un consensus dans la nation.
Les causes du
drame que la France a vécu aux premiers jours de cette année sont certes nombreuses et il faut toutes les
prendre en compte dans l’analyse du phénomène ( qui n’est pas nouveau, mais c’est fortement
aggravé) et dans l’élaboration de solutions pour éviter que cela ne se
reproduise.
Une de ces
causes est sans conteste l’insuffisance d’autorité, voire son absence
dans certains cas, à l’école et
d‘une manière plus générale dans la société.
Autorité des parents, autorité des enseignants, autorité des forces de l’ ordre, autorité des juges et des représentants des
Pouvoirs constitués.
Mais
attention ! Cette autorité doit
être accompagnée de bienveillance. Une scène du
film « Les Arnaud » ci-dessous illustre
parfaitement, à mes yeux, la conception que nous devrions avoir de l’autorité. BOURVIL est un juge pour enfant qui a
pris sous sa protection presque filiale un étudiant qu’interprète Salvatore ADAMO. Celui-ci commet un crime. BOURVIL le convoque dans son bureau. Une fois
devant lui, sans lui faire le moindre reproche, il le gifle puis il l’embrasse. Plus tard il l’adoptera pour
l’aider à surmonter ses années de prison, juste punition de son forfait.
La personne,
que ce soit un enfant ou un adulte sur qui l’autorité est exercée, ne doit
ressentir aucune humiliation, ni
vexation, ni désintérêt de la part de celui qui lui l’impose, quand il s’agit d’ un enseignant.
Sans aller jusqu'à l’empathie dont tout le
monde n’est pas capable et qui n’est pas toujours indispensable. Il faut
aussi intéresser les élèves, cela s’appelle la pédagogie, c’est inné chez
certains, d’autres ont besoin de formation. Cela étant dit, il faut que cette
autorité s’ exerce sans
faille et sans faiblesse. Mais pour cela, la condition sine qua non est que
le détenteur de l’autorité exercée dans
les conditions décrites précédemment soit soutenue par sa hiérarchie, s’il en a
une, par les Pouvoirs Publics, si nécessaire, et par
l’ Opinion Publique, cette fameuse Opinion Publique qui semble
évoluer actuellement dans le bon sens et
souhaitons le durablement, ce qui n’est pas encore totalement certain. Une fois
l’ émotion évaporée
…..
Il faut aussi que les parents atteints de
jeunisme chronique ( ils sont nombreux dans toutes les classes sociales et dans tous
les milieux) soutiennent les enseignants dans l’ exercice de leur autorité et
qu’eux-mêmes cessent de considérer leurs enfants comme des petits monarques
absolus à qui tout est dû et pour qui le mot interdit n’existe pas. Au pire, les enfants, s’ils sont de famille organisées et
équilibrées fréquenteront plus tard les
psychanalystes, psychologues et
psychiatres et ils n’ auront pas de peine pour en trouver – nous en formons une pléthore en France - Par contre ceux appartenant à des familles déstructurées risquent d’aller
chercher des gourous, des mentors, des caïds, des
chefs qui les encadreront et les
endoctrineront. Les enfants ont besoin
de cadre, d’interdits, qu’on leur dise de temps en temps NON. L’Etat ne peut pas se substituer aux parents
défaillants, mais il doit faire respecter par eux et leurs enfants les lois de
la République et jusqu'à l’âge de 16 ans celles qu’impose
l’ école dans le cadre de la scolarité obligatoire.
En classe, la
tolérance zéro devrait être instaurée sans aucune restriction. Elle est la
condition nécessaire pour que l’enseignement, c’est-à-dire la transmission des
savoirs en priorité, soit correctement
dispensée. Elle devrait être expliquée aux élèves et à
leurs parents pour qu’ils la comprennent
et l’acceptent. Dans « Mérites- tu vraiment ton salaire ? » j’ ai raconté combien j’avais été profondément choqué de voir au lycée les meilleurs professeurs
être chahutés par des groupes d’ élèves qui s’amusaient à perturber leurs cours, sous les yeux des autres élèves dont
je faisais partie qui, lâchement, les laissaient faire, ce dont j’avais encore
honte aujourd'hui. Ce qui explique que plus tard, devenu professeur, je n’ai
jamais accepté qu’un seul de mes élèves cause la moindre nuisance à mon cours, ne serait-ce que
simplement chuchoter avec son voisin.
Si comme Paul ELUARD nous devons chérir la liberté, il nous faut
aussi pour en jouir pleinement chérir l’autorité, une autorité avec bienveillance .
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