Quand des interlocuteurs
m’affirmaient que les hommes politiques
étaient tous pourris, ou uniquement motivés par leurs intérêts personnels, à l’image
de ceux qui défrayaient la chronique ; ce qui avait chaque fois le don de
m’agacer profondément, j’avais l’habitude de les contredire en citant Jacques
BARROT, pour ceux qui s’intéressaient un
peu sérieusement à la chose publique. Je le citais tout simplement parce que je
le connaissais.
Jacques
BARROT, quand il était jeune, n’ avait pas choisi de faire une carrière politique,
bien loin de son attirance vers la vie religieuse qu’allait embrasser l’une de ses sœurs. Son destin
basculait à 29 ans quand son père, député de la Haute Loire décéda brutalement.
Il lui succéda dans ses fonctions parlementaires, puis naturellement, assuma celles
de maire de sa commune, Yssingeaux, de
Président du Conseil Général de son département. Simultanément, il exerça des responsabilités ministérielles sous les septennats successifs de Giscard d’Estaing et
de Chirac. Pour finir il assura les
fonctions de Commissaire Européen et devint membre du Conseil Constitutionnel.
Remarquable parcours politique national et européen. Mais son empreinte la plus
marquante qu’il laisse, la plus visible, est celle sur son département de la Haute Loire. Un département situé géographiquement
en très grande partie dans le Velay et rattaché administrativement depuis 1972 à
la région Auvergne et dont il a su développer les infrastructures et notamment
les voies de communication avec la ville de Saint Etienne et la région Rhône
Alpes. Une des grandes satisfactions, avant de mourir, aura été sûrement d’apprendre
enfin le regroupement de ces deux régions voisines,
comme le souhaitait également Raymond BARRE, autre modèle d’homme politique.
Jacques
Barrot a toute sa vie voulu rechercher à concilier une plus grande justice sociale
que lui dictait sa foi chrétienne avec une réalité économique dominée par l’économie de marché, ce qui le plaçait
naturellement au centre de l’échiquier politique. Quand il était dans
l’opposition au gouvernement il savait se montrer constructif en soutenant les
lois de celui-ci. Il recherchait en permanence le consensus dans l’intérêt
général. Il ne participait aux intrigues politiques dont j’ai parlé dans mon
article précédent sur l’affaire JOUYET/FILLON et qui font le miel de certains
journalistes sans grands scrupules. Il n’avait
jamais fait la une des journaux. Il était un combattant et qui l’a connu se
souviendra longtemps de sa fougue et même parfois de ses emportements. Ce
n’était pas un tiède, qualifié de sage parmi les sages par ses amis et aussi
certains de ses adversaires politiques, il était modéré, c’était une question
de tempérament, mais aussi d’efficacité. C’était un homme du Centre, mais pas
d’un Centre mou, comme il est souvent considéré par l’opinion publique et les
hommes politiques de gauche et de droite qui le négligent quand ils ne le
méprisent pas à gauche, sauf quand il s’agit de capter leurs voix aux élections.
Il avait des
convictions profondes qu’il a su conserver toute sa vie et sur lesquelles il
n’a jamais transigé. : il correspondait trait pour trait au portrait de
l’honnête homme du 21ème
siècle dont j’ai essayé de brosser les
grandes lignes en conclusion de mon essai : « Mérites tu vraiment
ton salaire ? »
Tous ceux et toutes
celles qui veulent faire de la politique ou qui y
sont déjà engagés devraient suivre son exemple.
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