mardi 4 novembre 2025

Les enfants trop ou mal aimés

 

J’avais déjà stigmatisé les couples  qui ne veulent pas d’enfants dans mon Blog  du 23 juin 2014 « Quand les petits chiens remplacent les enfants »* dans lequel je citais les paroles du pape François fustigeant le bien être économique :“ C’est sûr, tu peux visiter le monde, partir en vacances, avoir une maison à la campagne, être tranquille et c’est sans doute mieux, plus commode d’avoir un petit chien, deux chats » ainsi que dans celui du 17 mars 2018 « Vous ne voulez pas d’immigrés, faites donc des enfants »**.

N'avoir seulement qu’un enfant ou pire pas d’enfant du tout, c'est tout notre modèle social qui s'effondre car pour la 1ère fois depuis 1945, les décès viennent de dépasser les naissances en France.

Il y a même une accélération de la tendance depuis quelques années car l’Insee ne prévoyait ce retournement que pour 2035, donc nous sommes, hélas en avance sur le calendrier.

La France qui a longtemps fait figure d'exception dans l'Union Européenne, avec son indice de fécondité par femme supérieur, c'est fini ! Ces meilleures performances s’expliquaient en grande partie par le fait que, chez nos épouses, travailler et avoir des enfants n’étaient pas incompatibles, contrairement à leurs consoeurs  italiennes ou espagnoles.

Recul de la population active et du nombre de cotisants

"La dénatalité quand elle dure, c'est moins de bras et moins de cerveaux pour faire tourner l'économie", résume l’économiste Maxime Sbaihi. Moins d'enfants, c'est bien sûr moins d'enfants par classes et donc des écoles menacées. "On va manquer de travailleurs avant même de manquer de travail".

Ce qui signifie que moins d'actifs qui cotisent c'est donc moins de fonds perçus pour davantage de pensionnés qui vivent plus longtemps. Une équation impossible à résoudre avec les paramètres actuels.

"C'est tout notre modèle social qui s'effondre, anticipe Maxime Sbaihi. A l'après-guerre, on avait tout misé sur la démographie et notre système par répartition prenait la forme d'une pyramide. Aujourd'hui cette pyramide rétrécit en sa base à cause de la dénatalité et ne cesse de s'élargir par le haut. La solidarité intergénérationnelle pèse de plus en plus lourd.

La France se caractérise par un faible taux d'activité aux deux extrémités du spectre, pour les plus jeunes et les seniors. Il faut jouer sur les principaux paramètres qui sont l'âge d'entrée et l'âge de départ."

Une réponse facile est l'immigration comme l’assume actuellement l’Espagne, même si elle peut s'apparenter à priver des pays en développement de bras et de cerveaux et présente des risques non négligeables pour la cohésion du pays.  

Maxime Sbaihi qui a écrit « Les berceaux vides » résume: "Trois solutions. Bébé, immigration ou robots. Le Japon a choisi cette dernière voie et il faut voir dans quel état est leur économie."

Les robots sont tout de même peut-être aujourd’hui la seule solution, avec l’Intelligence Artificielle et ses algorithmes qui les crée et les anime et remplacera de nombreuses tâches qui ne nécessiteront donc plus de main d’œuvre.  Elle devra toutefois financer les pensions des retraités de plus en plus âgés, à moins que ceux-ci aient choisi le système de la capitalisation, sachant, il est vrai, que celui existant par répartition est condamné à disparaître à terme à cause du déséquilibre croissant entre actifs et retraités.

Il faut parler non seulement de l’économie et de ses futurs bouleversements, mais aussi de l’enfant unique qui n’a pas la chance de pouvoir partager avec des frères et des sœurs, qui est souvent trop choyé par ses parents, surprotégé, à qui on demande parfois beaucoup trop, à qui on ne refuse rien, à qui on n’ose pas dire non et que l’on ne prépare pas suffisamment à affronter les obstacles inévitables qui se présenteront à lui. Par ailleurs, l’enfant unique doit assurer, plus tard, seul, la responsabilité de prendre soin de ses parents lorsqu’ils sont âgés, soutien financier et/ou émotionnel.

Peut-être qu’avant de se marier, dans une sorte de contrat moral non écrit, celui ou celle qui est convaincu que fonder une famille, c’est avoir plusieurs enfants qui s’y épanouissent, sous certaines conditions, bien entendu, devrait obtenir l’accord de son ou de sa partenaire.

Cependant, certains parents ont des raisons légitimes pour ne pas avoir d’enfants ou n’en avoir qu’un seul, comme la santé de la maman  ou leur situation précaire, ou à la limite compréhensibles comme la  peur de notre avenir collectif,  il est vrai que les nuages semblent actuellement s’accumuler, et donc de celui d’un futur enfant.

*Chroniques d’une décennie, pages 85 à 86

 **Chroniques d'une décennie, page 330 à 332