Par comparaison avec la décence
des gens ordinaires dont parle Georges Orwell dans ses deux célèbres ouvrages
au sujet notamment de l’establishment
politique anglais dont il était lui-même issu , La Ferme des animaux et 1984,*
et dont j’aurais certainement l’occasion de reparler, certains responsables
politiques en manquent parfois cruellement alors qu’ils devraient être, au
contraire, des exemples pour leurs concitoyens.
Je tiens
tout d’abord à rappeler la définition de la décence par ce que le terme est
trop souvent mal utilisé, par exemple, pour dire que quelqu’un est riche et je
cite une nouvelle fois la phrase d’Albert Camus “Mal nommer les choses,
c’est ajouter aux malheurs du monde“
L’indécence est ce qui
touche aux bonnes mœurs, aux convenances. Qui incite à la discrétion et la retenue
dans les relations humaines.
Je ne citerai pas de noms pour
éviter de leur faire de la publicité encore qu’il est difficile au lecteur de
ne pas reconnaitre le premier et je ne ferai pas non plus de classement.
-Un chef d’Etat étranger
condamné par la justice de son pays qui malgré des comportements délictueux
continue à fanfaronner.
-Le maire d’une grande ville de
France qui pratiquait ce qu’on appelle aujourd’hui le « Kompromat »
inventé en Union soviétique et poursuivi par l’ancien agent du KGB aujourd’hui
à la tête de son pays et qui consiste à tout faire pour compromettre ses
adversaires politiques. L’utilisation des « escorts girls » et « escorts
boys » étant leurs outils préférés. Ce maire qui ne démissionne pas, prétextant
qu’il n’était pas au courant, et attendant que la justice l’oblige à le faire ou
que ses électeurs le désavouent s’il ose se représenter aux prochaines
élections.
-Un ancien premier ministre qui
faisait rémunérer son épouse aux frais de la Collectivité et condamné par la
justice se permet de dire qu’il a été mal jugé.
-Un député, ancien Président de
Région, qui dépense l’argent de son
administration en repas fastueux pour
entretenir sa clientèle et fait subventionner
une ligne aérienne largement déficitaire pour pouvoir se rendre aisément
à Paris.
-Un ancien ministre dont un des
fils a accusé son frère de viol et continue à parader notamment sur une chaîne
privée de télévision.
-Les communistes français qui
n’ont même pas changé de noms pour faire oublier les crimes de Staline et ceux
d’autres dirigeants communistes comme l’ont fait d’autres partis européens ou
qui, comme en Italie, ont disparu.
-Des farouches adversaires du
Général De Gaulle qui osent aujourd’hui se réclamer de lui.
-Une candidate à la plus haute
fonction condamnée pour escroquerie en bande organisée après qu’elle ait accusé,
haut et fort, la justice de son pays de laxisme.
Bien entendu cette liste est
loin d’être exhaustive.
Ces hommes et femmes politiques
agissent sans éprouver le moindre regret ni le moindre remords. S’ils se
comportaient comme des personnes ordinaires, comme des gens simples, ils
commenceraient à s’excuser en avançant des motifs qui les ont poussés à agir ou
ne pas agir ainsi. Dans certains cas, ils préfèreraient se faire totalement
oublier. Moi qui suis l’heureux père de plusieurs fils, je m’imagine un instant
me retrouver dans la situation de ce responsable politique que j’ai cité.
J’aurais tellement honte que je me cacherais.
Dans mon Blog du 3 juillet 2020**
je relève les déclarations d’hommes et femmes politiques pendant la crise
sanitaire au sujet du déconfinement, des gestes barrières, de l’usage de la
Chloroquine, de la deuxième vague et des dirigeants actuels du pays. Ils ont pu
se tromper en toute bonne foi et s’excuser pour cela, ce qui les aurait grandis
à mes yeux, mais ils ne l’ont pas fait. Un dirigeant de la droite aux ambitions
présidentielles s’est distingué dans ses affirmations que j’ai démontréqu’elles
étaient fausses.
De la responsabilité de ceux qui
les élisent, de ceux qui les soutiennent, c’est-à-dire leurs militants et des
médias et de leurs auditeurs.
Ceux qui les élisent
Nous, simples citoyens, comment
peut-on agir et nous faire entendre ? Bien entendu, en ne votant pas pour
eux, mais ce n’est pas toujours chose facile quand leurs concurrents qui
briguent la place défendent une politique que nous ne pouvons pas cautionner.
Au premier tour, nous choisissons et nous
pouvons voter pour le candidat irréprochable
qui défend nos idées, mais au deuxième tour quand ils ne sont plus que
deux, le plus souvent, nous devons en éliminer un, à moins de nous abstenir de
voter. Cette situation délicate nous pouvons
la retrouver dans les entreprises. Est-il préférable, par exemple, d’avoir un
chef des achats efficace, c’est-à-dire se procurant de bons produits à de bons
prix, mais se faisant rémunérer par des fournisseurs ou un chef des achats
honnête mais moins efficace ? J’ai eu à résoudre ce dilemme avec un des chefs de cuisine de l’
hôtel restaurant dont je parle dans “Il était une fois à Saint-Galmier…la
Charpinière“*** Nous nous en sommes séparés avec regret car c’était un bon
chef.
Les militants
Un
responsable politique a besoin d’avoir des militants qui le soutiennent et votent pour lui dans les
élections internes de son Parti.
Dans son choix de son candidat à
sa direction ou pouvant être appelé à de plus hautes fonctions, il doit, si
possible, en tenir compte.
Les médias et réseaux sociaux et
leurs auditeurs et les lecteurs
Ces
responsables politiques indécents sont parfois, hélas, de bons clients pour les
médias qui recherchent à tout prix le buzz. J’en parle notamment dans des
articles regroupés sous le titre Être modéré en France et à l’étranger****
où j’explique que les responsables politiques modérés sont moins invités dans
les stations ou sur les chaines parce qu’ils sont trop nuancés.
Le citoyen ordinaire est un électeur qui, nous l’avons
vu, peut agir par son vote, mais aussi un auditeur et téléspectateur qui peut
boycotter un média ou un réseau social faisant directement ou indirectement la
promotion de responsables politiques indécents.
pmazenod@wanadoo.fr
*Je me réfère au livre de Bruce
Begout « De la décence ordinaire » aux éditions Allia
**Chroniques d’une décennie
pages 359 à 367
*** Aux éditions Ifrhos editionsifrhos@orange.fr
****Chroniques d’une décennie
pages 311 à 322
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